mardi 16 avril 2024 à 18h30
Réunion d'information sur « Les vrais enjeux des LGV du Sud-Ouest »
La prochaine réunion d'information sur le Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest à Bordeaux : 16 avril, 18h30, Athénée Libertaire
La version courte :
En vue de La Grande Vadrouille et des prochaines mobilisations contre les Lignes à Grande Vitesse du Sud-Ouest, nous lançons une série de réunions d'informations.
Rendez-vous le 16 avril prochain à l'Athénée Libertaire* de Bordeaux, à 18h30 (fin 21h).
*le lieu demande une adhésion de 2 euros pour les nouveaux entrants
Des bières anti-LGV, la Loco Loca, seront même servies askip
Pour information cette même réunion d'information aura lieu également le 13 avril à Tonneins dans le Lot-et-Garonne ! (plus d'information sur le site lgvnonmerci.fr avec toutes les prochaines dates).
Nos liens sur la lutte :
lgvnonmerci.fr (site internet)
cont act@lgvn onmerci. fr (mail)
linktr.ee/byebyelgv (autres liens utiles)
Sans oublier les brèves qui paraissent plus ou moins chaque dimanche par mail (lien d'inscription)
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Le plaidoyer
Le propos synthétique est le suivant : s'il ne s'agissait de s'attaquer qu'aux émergences du Capital, tels la publicité ou l'artificialisation, ce serait encore manquer les fondements sur lesquels germent toutes les aberrations modernes : valeur abstraite, marchandise, travail... et vitesse.
C'est que le Capital nous a permis d'intérioriser un certain nombre de contraintes socialement créées pour l'Économie, dont un certain rapport au temps qui impose de devoir toujours en gagner. Cet impératif est rarement questionné, mais c'est sur lui que se basent pourtant les plus grands projets d'infrastructures ou autrement dit de destruction de terres, forêts et nappes phréatiques (soit les fondements réels de la vie) : par exemple les lignes à grande vitesse ferroviaire et les autoroutes.
Prenez les 220 km/h d'allure visés par le Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest pour parcourir Bordeaux-Dax et Bordeaux-Toulouse : quoi de plus arbitraire. Pourquoi par 225 ? Et ensuite, pourquoi pas 320 km/h ? Si c'est une contrainte pour les usagers de se déplacer si longtemps, force est de constater que personne dans les bureaux d'étude ne planche sur la réduction des déplacements, et c'est au nom de l'idée même de "progrès" (ou développement) que les élus dépensent sans compter sur les gadgets des temps modernes.
En Nouvelle-Aquitaine, le conseil régional s'alarme ainsi d'une difficulté croissante à boucler le budget annuel tout en investissant massivement dans ce projet de lignes à grande vitesse plusieurs centaines de millions d'euros chaque année (sur 40 ans). Certains acteurs se donnent ainsi les moyens de poursuivre des sommets de vitesse en accaparant les ressources, les communs ayant ceci de pratique qu'ils définissent ce qui n'est pas encore approprié : on peut donc y piocher. Le pouvoir étant d'autant plus performatif qu'il est concentré, personne ne demandera leur avis aux habitants du territoire ainsi 'développé'.
C'est ainsi que l'Histoire avance dans une seule et même direction depuis l'avènement du Capital :
« « Ce mouvement d'appropriation des terres, à l'origine de ce que Marx a analysé sous l'expression d'accumulation primitive du capital, s'est poursuivi en Europe de façon insidieuse et à grande échelle jusqu'au XIXe siècle, par exemple avec la spoliation des landes de Gascogne, une zone humide occupée et utilisée en commun par des éleveurs de moutons, expropriés par l'Empire de Napoléon le Petit dans ce qui fut en France l'un des plus grands hold-up de terres des siècles passés, non pas tant au prétexte officiel d'assainir des marécages insalubres, mais bien plutôt pour offrir de juteux profits aux grands bourgeois ayant les moyens d'acquérir les vastes domaines préemptés par l'État et de planter, pour le gemmage, la forêt de pins qui domine actuellement la région. » »
« Accaparements » article de Philippe Descola dans On ne dissout pas un soulèvement, éditions Seuil, 2023 (20).
Les Landes de Gascogne sont en effet précisément le lieu choisi par l'État pour implanter sa nouvelle infrastructure de transport à plus de 15 milliards d'euros, une infrastructure tout entière dédiée à la course à la vitesse avec 454 'ouvrages d'art' tout de béton et d'acier. Le projet de LGV du Sud-Ouest s'inscrit ainsi dans la continuité des néocolinasations et la même histoire se reproduit dans une région prisée pour sa faible densité, en proie à l'oubli.
Les marchés sont en ce moment conclus avec les grands groupes (Systra, Vinci Terrassement, Lafarge, Eiffage Rail, ...) aveugles aux territoires fragmentés, retournés, terrassés, pompés, excavés, et déforestés. Que les habitants se plaignent, on leur bandera les yeux avec un lambeau de Déclaration d'Utilité Publique, passe-droit des bandits. Qu'importe si ces lignes à grande vitesse ne sont véritablement empruntées que par 4 ou 5 % de la population, qu'importe si les loyers augmentent dans les nouvelles aires de spéculation immobilière, qu'importe si le bassin versant ruisselle plus de béton que d'eau de pluie.
L'eau fuit et percole dans les carrières ré-ouvertes à tout allure pour approvisionner le chantier, avant que plus rien ne s'écoule dans la Lande ainsi balafrée, si ce n'est le temps. Et celui-ci fuit pour les usagers des 'connexions' ferroviaires à grande vitesse qui, cyniquement, ne créent qu'un désert autour d'elles.
Les (futurs) métropolitains se féliciteront alors sans doute de pouvoir parcourir un bout à l'autre de la France, et sillonner les territoires en ligne droite sans jamais sentir un seul des reliefs traversés, justement aplanis pour leur passage. Mais s'ils attendent avec impatience l'arrivée d'une LGV, c'est sans aucune idée des paysages qu'ils voudraient admirer, à moins de préférer la vue des sièges en moquette SNCF à celle de nos lits de rivière.
Le discours ambiant ne tient donc pas compte des évidences : à quoi sert le 'déplacement' ? Pour les élus, c'est le nombre de kilomètres qui compte : un maximum en un minimum de temps (toujours parler au superlatif). Pour aller où, ne posez pas de question bête. Pour les habitants, c'est la possibilité d'aller partout depuis nulle part, et d'abord celle de pouvoir habiter où l'on veut, pas forcément sur plan quadrillé. C'est donc se permettre de vivre hors des radars des métropoles, sous la cimes des arbres plutôt que la coupe des autorités.
Enfin on ne saurait oublier que la vitesse est un domaine de privilégiés qui a sa part de violence :
« « Les mobilités les plus rapides sont aussi celles suscitant le plus de violences symboliques, entre la vitesse des passagers d'un avion traversant la Méditerranée et celle des migrants entassés sur des radeaux de fortune quelques centaines de mètres plus bas, essayant, à leurs risques et périls, de réaliser la même traversée. » »
Maxime Huré, « Vite, ralentissons ! », Métropolitiques, 4 avril 2022.
Réduire la discussion sur les déplacements à un enjeu de vitesse, comme le font les élus promoteurs du Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest, c'est manquer cruellement de longueur de vue sur ce que signifie aujourd'hui - précisément - le déplacement pour la majorité de la population mondiale.
Voir en ligne : https://lgvnonmerci.fr
Source : https://lgvnonmerci.fr/
Source : message reçu le 3 avril 22h