lundi 3 février 2025 à 20h15

Projection-Débat - "La peine" : L’accompagnement des familles des personnes détenues

SOIRÉE-DÉBAT : L'accompagnement des familles des personnes détenues

Organisée avec l'association M.A.I. 33 et l'Association Nationale des Visiteurs de Personnes sous main de justice (ANVP)
Projection unique suivie d'une rencontre avec le réalisateur Cédric Gerbehaye, Xavier Denecker de l'ANVP et des bénévoles de M.A.I. 33 (Maison d'Accueil et d'Information) qui accueillent et écoutent dans leur maison Le Chalet Bleu les familles de personnes détenues au Centre Pénitentiaire de Bordeaux-Gradignan.
Achetez vos places à l'avance au cinéma, à partir du Vendredi 24 Janvier.

LA PEINE

Réalisé par Cédric GERBEHAYE - documentaire Belgique 2023 1h30mn - Écrit par Cédric Gerbehaye et Andrés Peyrot.

Du 03/02/25 au 03/02/25

LA PEINE

Pendant neuf ans, installé avenue de la Jonction à Bruxelles, le documentariste Cédric Gerbehaye a vécu entouré de trois prisons : Forest, Saint-Gilles et Berkendael (dédiée aux femmes). « De mon appartement, toutes les fenêtres donnaient sur une prison. La Peine est née de cette promiscuité et de ma volonté de m'immerger dans ce monde occulté, fictionnalisé et souvent fantasmé. Nourri des écritures de réalisateurs comme Frederick Wiseman ou Raymond Depardon, j'ai voulu raconter l'institution dans la proximité, par ceux qui la vivent. »
Pour démarrer ce projet, il profite d'un contexte particulier : en 2016, une grève historique des agents pénitentiaires éclate en Belgique, mettant en lumière les limites du système : la prison de Forest est un lieu où la surpopulation, les conditions insalubres et l'enfermement quasi-permanent (23 heures sur 24) cadrent la vie des détenus. Cette même année, une autorisation exceptionnelle permet à Cédric Gerbehaye de filmer seul au cœur de la prison de Forest. L'administration pénitentiaire, le cabinet du ministre de la Justice et la direction de l'établissement ouvrent les portes à cet observateur qui souhaite explorer le quotidien de ses voisins invisibles, avec qui il partage déjà un bout d'environnement sonore. Avec sa caméra, il se met à parcourir les cellules, les cachots, les préaux, et capte des moments de vie. Pendant six ans, il tourne au sein des prisons, traversant ainsi un chapitre charnière de l'histoire pénitentiaire belge. Ses images saisissent le rythme de la détention, entre la répétition oppressante des gestes quotidiens - se laver, prier, manger, dormir - et l'attente interminable d'une libération, d'un procès, ou simplement d'un changement. Dans ce huis-clos, la temporalité suspendue est mise en perspective avec des tentatives de transformations structurelles : la limitation du nombre de détenus, la refonte du régime carcéral, et, enfin, la fermeture définitive de Forest en 2022.

La Peine donne vie à une mosaïque de récits où chacun, comme il peut, tente de préserver une dignité fragile, et où le personnel pénitentiaire est lui-même captif du système et de ses contradictions. Des hommes et des femmes, parfois enceintes ou jeunes mères, confrontent leur humanité à la vie entre quatre murs. Le film se distingue par son refus du voyeurisme et du sensationnalisme.
Tourné en noir et blanc, chaque plan est une photographie qui révèle les contrastes du milieu, sans que jamais ces très belles images ne viennent esthétiser la galère. Cédric Gerbehaye observe sans juger, montre sans commenter. Le résultat est un portrait complexe et nuancé, tout en justesse. Et il ne se contente pas de montrer l'enfermement, mais interroge son sens et sa portée. Que signifie la peine de prison aujourd'hui ? Quelle est sa fonction dans une société en quête de justice ? Et surtout, que reste-t-il de l'humanité dans ces lieux d'exclusion ? Dans une séquence, le film partage la lettre que Willy, un détenu de la prison de Forest âgé de 70 ans, écrit à son fils : quelle contradiction ! Tenter de resocialiser des femmes et des hommes en les éloignant de la société. Une personne qui ne fait pas confiance au système ne retournera jamais « meilleure » dans le monde extérieur.

En choisissant de filmer exclusivement depuis l'intérieur, le réalisateur invite le spectateur à éprouver, à ressentir cette claustration, mais aussi les éclats de solidarité et d'espoir qui surgissent parfois. C'est un cinéma du présent, ancré dans le réel, qui nous confronte aussi à l'après. Plus qu'un simple documentaire immersif, c'est un miroir tendu à notre société, une réflexion artistique sur ce qui fait - et défait - notre humanité.

Source : https://www.cinemas-utopia.org/bordeaux/index…
Source : message reçu le 20 janvier 19h