jeudi 13 février 2014 à 21h
LES HOMMES DEBOUT
Un film de Jeremy Gravayat
France 2010 Super 8 / 16mm / miniDV 1h17
Prix des médiathèques, mention spéciale FID Marseille 2010
Projection en présence du réalisateur
"Traverser les ruines de l'usine, se souvenir des gestes répétés. Entendre les voix des ouvriers rassemblés dans la cour et le silence des machines arrêtées. Parcourir la ville dans la boue des chantiers, partir à la recherche d'un travail. Frapper la pierre et la brique, regarder les choses lentement s'effondrer. Repérer les lieux, s'y introduire, changer les serrures et raccorder l'électricité. Se rassembler dans la nuit, allumer des feux, construire de nouveaux abris. Raconter toujours la même histoire : celle qui fait tenir les hommes debout."
À l'origine de ce premier long métrage de Jeremy Gravayat, il y a un matériau préexistant : les rushes 16mm en noir et blanc d'un film militant collectif initié en février 1972 par le groupe des Cahiers de Mai avec la participation du cinéaste Dominique Dubosc. Il s'agissait au travers d'un cinétract, véritable "outil" au service de la mobilisation, d'aider les ouvriers immigrés de l'usine de retraitement de plomb de Penarroya à Lyon à s'organiser pour créer un syndicat et mener une grève.
Dénonçant la dangerosité de leur tache et l'insalubrité de leurs conditions de logement, ces ouvriers revendiquaient une reconsidération juste de leurs droits, posant la question essentielle de la santé au travail.
À partir de cette archive qui témoigne de l'importance du processus et des modalités d'organisation collective d'ouvriers immigrés, longtemps - et encore trop souvent - tenus pour des acteurs marginaux d'une décennie de mobilisations, s'opère un glissement subtil avec les images contemporaines filmées en Super 8 sur les lieux mêmes de cette lutte, dans l'ancien quartier industriel de Gerland en pleine reconversion.
À quarante ans d'intervalle, ces images mêlées, anciennes et actuelles, racontent l'éternelle douleur de l'exil, du déracinement, de l'exploitation. Elles recomposent des récits fragmentaires, réels ou imaginés, où se côtoient combat collectif pour la dignité et trajectoires solitaires et mutiques. L'espace indéterminé de ce film entre documentaire et fiction, tout en rappelant l'amère continuité de l'histoire, ravive avec force la mémoire des luttes du passé, enfouie dans les décombres de bâtiments industriels qui laissent aujourd'hui la place à des immeubles de standing, construits par une nouvelle génération de travailleurs immigrés ou sans papiers.
Source : http://monoquini.net/blog/index.php?/en-cours
Source : message reçu le 4 février 15h