jeudi 9 novembre 2017 à 19h

Maryline Videau dessine des animaux imaginaires ou réels sur des fonds vert cru avec des traits noirs épais peints à l'acrylique, sortes de clôtures qui leur barrent la route, prisons des zoos, barreaux du monde, vitraux d'animaux, ou morceaux d'un puzzle de déconstruction et destruction comme le miroir brisé, avec les couleurs acidulées des pastels à l'huile.

Dans un gîte perdu au bout d'un chemin sans issue entouré de prés occupés par des troupeaux de vaches limousines, je dessine une vache sur fond vert, avec des traits noirs au pastel gras, puis, un an plus tard, je poursuis la procédure que je me suis inventée pour ces dessins, et toujours en peignant un fond vert - symbole de la nature et de l'écologie et de l'herbe - je me mets à dessiner les animaux de la ferme, puis toutes sortes d'animaux, des forêts ou du désert, de la terre ou de la mer, du continent européen ou de tous autres endroits.

Je les peins la nuit en insomnie, à partir de photos qui les représentent.

Un jour je me déplace au zoo pour rencontrer les girafes, et communiquer avec les animaux enfermés dans si peu d'espace. et l'idée me vient que je voudrais tous les représenter, tous les animaux de la planète, et surtout tous les animaux qui sont encore en vie.

Mais la tâche est immense et le défi impossible à relever.

J'essaie seulement alors de peindre la biodiversité, consciente que beaucoup des animaux que je peins qui nous sont familiers, sont désormais en voie de disparition ou en voie d'extinction. Ces animaux forment un tout indivisible, comme la biodiversité, on ne peut les séparer les uns des autres, ils sont tous connectés.

Je les peins en gros plan, à la manière d'un portrait, pour exprimer l'idée qu'ils méritent tous d'être personnifiés et d'exister à part entière. J'imagine que tous accrochés sur un mur, ils nous regardent, et que nous les regardons.

Et j'ai peur que ces peintures représentent un jour tout ce qu'il nous reste des animaux en vie : leurs noms, et leurs images. Ils seraient tous morts, et nous aussi.

Les noirs et blancs - encre de chine et lavis sur papier bristol - Les animaux - pastel gras, acrylique-

Source : message reçu le 6 novembre 23h