vendredi 8 mars 2019 à 20h

La rue est à nous ! Manif féministe de nuit

Le 8 mars, à 20h, à l'occasion de la journée internationale de lutte pour les droits de femmes, reprenons ensemble les rues de Bordeaux !

▬▬▬▬▬▬ LE 8 MARS, TOUTES EN LUTTE ! ▬▬▬▬▬▬

◆ 15h40 PARVIS DU PALAIS DE JUSTICE Rassemblement mixte
◆ 18h HALLE DES DOUVES Moment festif en non-mixité
◆ 20h VICTOIRE Départ de la manif en non-mixité

Le rendez-vous est donné Place de la Victoire à Bordeaux à 20h.
Pour celles qui le souhaitent, retrouvons-nous dès 18h à la Halle des Douves pour un moment festif en non-mixité choisie, pour préparer ensemble la manif ! Des ateliers de répétitions de chants féministes, de créations de pancartes et quelques surprises nous attendront sur place !

Le 8 mars, on apporte quoi, et on ramène qui ?
◆ quelque chose à boire ou à grignoter que nous pourrons partager !
◆ des idées de slogans féministes
◆ des vêtements ou accessoires violets, si on en a sous la main !
◆ nos amies, sœurs, cousines, camarades et collègues !

Pour faire garder ses enfants le jour J ou pour donner un coup de main pour l'organisation, remplissez le formulaire : https://framaforms.org/collectif-8-mars-giron…

▬▬▬▬▬▬ APPEL DU 8 MARS 2019 - BORDEAUX ▬▬▬▬▬▬

◆ À Bordeaux comme ailleurs, le féminisme remporte des victoires

Il y a un an jour pour jour nous étions dans les rues de Bordeaux pour dénoncer comme à chaque 8 mars les violences machistes, les viols et les féminicides, les insultes, le harcèlement et la précarité dont les femmes sont victimes au quotidien.
Depuis cette date, les femmes bordelaises ont fait entendre leur voix et leurs revendications. Nous avons organisé le mouvement #NousToutes localement pour faire monter le 24 novembre plus de cent militantes à Paris lors de la grande manifestation nationale contre les violences faites aux femmes, et sur le campus contre les viols à Bordeaux en décembre.
Nous nous sommes mobilisées localement pour exiger plus d'hébergements d'urgence dans la métropole pour les femmes victimes de violences conjugales, nous avons organisé des caféministes pour déconstruire la société sexiste, formé des batucadas, organisé des sorties vélo en non-mixité et des stages d'autodéfense. Nous avons marché avec les femmes gilets jaunes et lutté contre la destruction de notre environnement et les lois répressives.
Ailleurs, les manifestations et victoires politiques ne sont pas en reste : la mobilisation des Polonaises contre la pénalisation de l'avortement, fortement soutenue sur le plan international, la victoire des Irlandaises pour l'avortement, la lutte impressionnante des Argentines du mouvement Ni Una Menos, la mobilisation sur le procès de la Manada en Espagne, avec une mobilisation internationale, nationale et même locale (le 2 mai 2018 à Bordeaux). Dans les victoires "institutionnelles", nous retenons aussi celle de Nadia Murad, ambassadrice de l'ONU et ancienne esclave sexuelle de Daesch, qui a reçu le prix Nobel de la paix avec Denis Mukwege pour leur combat contre le viol utilisé comme arme de guerre.
Toutes ces mobilisations ont remis en question une pratique patriarcale de la justice, et dénoncé la culture du viol, terreau des violences contre les femmes. Les féministes incarnent peu à peu un véritable contre-pouvoir, et, à l'instar de l'Espagne, que la société et les partis politiques ne vont plus pouvoir ignorer.

◆ Et pourtant,

À ce jour, nous en sommes à 25 femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint depuis janvier 2019, soit une femme tous les deux jours tuée pour la seule et unique raison qu'elle était une femme. Le rythme des féminicides augmente depuis l'année dernière.
Nous représentons toujours 70% des travailleur·euse·s pauvres et 80% des temps partiels. Nous sommes toujours les premières victimes de la précarité, les premières exposées à la pauvreté.
En 2018, comme chaque année, les inégalités de salaires ont rendu gratuit le travail salarié des femmes dès le 6 novembre.
Après avoir pratiqué pendant toute notre vie la double journée, nous touchons en moyenne 39% de retraite en moins par rapport aux hommes.
Nous consacrons encore 1,8 fois plus de temps que les hommes aux tâches domestiques et passons 2,1 fois plus de temps qu'eux à nous occuper des enfants. Ces statistiques ne prennent pas en compte les heures parasitées par la charge mentale pendant nos journées de travail.
Nous sommes toujours exclues de l'espace public et les hommes continuent de revendiquer le droit de propriété sur nos corps.
Partout le droit à l'avortement est remis en cause, les tribunaux sont toujours des espaces pour humilier et remettre en cause la parole des femmes victimes, les médias continuent de mentionner des "crimes passionnels" en cas de féminicides et à traiter le sexisme avec légèreté alors qu'il s'agit d'un problème de société majeur.

◆ À ces attaques, nous répondons : Révolution féministe !

Nous sommes toutes victimes du patriarcat mais nous pratiquons un féminisme intersectionnel, car nous avons conscience que nous ne sommes pas égales face au sexisme, face à la précarité, face à l'accès aux soins, au travail non déclaré. Nous ne sommes pas égales en droits, pas égales face à la formation, à la participation citoyenne, du fait de nos différences d'origines, de classe, d'âge et d'orientation sexuelle.
Notre lutte a payé et elle payera. La preuve : à chaque fois que notre comportement ou nos sentiments ne permettent plus de nous associer à un paillasson, nous subissons des retours de bâtons d'une violence extrême. Ils ont peur de nous.

En conséquence, nous appelons, comme en Espagne et en Amérique Latine, à la grève féministe totale.
Nous ne travaillerons plus, car le capitalisme fonctionne grâce à notre travail gratuit.
Nous ferons la grève de la consommation.
Nous n'assurerons plus les tâches domestiques.
Nous ferons la grève du soin.
Nous refuserons le travail émotionnel quotidien que les hommes nous imposent.
Nous refuserons même de les écouter.

Notre lutte est indissociable d'un mouvement bien plus ample, un mouvement qui vise à en finir avec toutes les formes d'oppression, un mouvement qui s'élève contre l'ordre patriarcal, raciste, capitaliste et prédateur de l'environnement qui repose sur des rapports de pouvoir et de domination en s'asseyant sur la dignité et le respect des droits fondamentaux des êtres humains. Un mouvement qui revendique et s'inscrit dans un processus de transformation radicale de la société, de la culture, du modèle économique, des institutions politiques, des rapports à l'autre. Il y a urgence à renverser l'ordre établi dans les actes, qu'ils soient exceptionnels ou quotidiens, dans les mentalités et dans la manière dont nous éduquons les générations futures.

Ne nous arrêtons pas au 8 mars pour que l'année prochaine il en soit autrement, pour qu'enfin le système change. Unissons-nous !

▬▬▬▬▬▬ ET LA NON-MIXITÉ DANS TOUT ÇA... ▬▬▬▬▬▬

◆ Pourquoi une manif non mixte ?

Pour que la parole des femmes passe par les femmes elles-mêmes, en s'appuyant sur les réalités qui leur sont propres.
Pour que les femmes choisissent leurs revendications, mais aussi la manière de les porter et de les faire entendre.
Pour encourager, renforcer et visibiliser la participation des femmes dans les luttes sociales, dans une perspective d'auto-émancipation
Pour une manif garantie sans agresseurs ni oppresseurs
Pour interpeller et politiser le débat, et sortir du consensus mou selon lequel tout le monde serait subitement en faveur des droits des femmes le 8 mars.

◆ Pourquoi manifester de nuit dans la rue ?

Dans l'espace public comme dans nos maisons, nos lieux de travail, nos lieux d'éducation, nous sommes tous les jours confrontées au sexisme. De la « simple » remarque sur notre physique, notre tenue, notre comportement... à l'agression, au viol et au meurtre, on nous renvoie sans cesse à notre statut d'objet. Un objet à regarder, admirer, dénigrer, agresser, posséder, tuer.

Ce soir, nous avons décidé de reprendre la rue, nous les femmes. Nous ne voulons plus avoir peur. Nous voulons être visibles, nous faire entendre et crier notre colère dans ces mêmes rues qui nous sont hostiles le reste de l'année.

En reprenant la rue, nous voulons nous donner de la force pour tous les autres moments et endroits dans lesquels on nous insulte, harcèle, frappe, viole et tue.

◆ Mais les hommes qui veulent soutenir le féminisme, ils ne peuvent pas manifester avec nous ?

Le sexisme est un mécanisme de pensée qui permet de maintenir le système oppressif : le patriarcat. Celui-ci valorise les hommes, et tout ce qui est associé au masculin, et infériorise les femmes, ainsi que les caractéristiques dites féminines. Ainsi, qu'on le veuille ou non, les hommes bénéficient de privilèges et monopolisent l'espace public, les médias, le pouvoir.

Un homme qui veut soutenir le féminisme doit comprendre la revendication de non-mixité, ou au moins la respecter, plutôt que de se lamenter sur son « exclusion ». Le sentiment d'exclusion est dans ce cas-là ponctuel, alors que c'est ce que vivent les femmes au quotidien, exclues des sphères de pouvoir masculines et des boys clubs.

Soutenir le féminisme ne se décrète pas mais se constate par des actions. Un homme qui veut soutenir le féminisme peut et doit consacrer son énergie à interpeller ses proches hommes sur leurs propos et comportements misogynes.

Internet et les médiathèques regorgent de ressources pour se renseigner par soi-même sur les combats féministes : lisez, regardez, écoutez, apprenez !

Source : message reçu le 25 février 11h